Architecture Suisse

AS INT

Atelier à Tordi (Canonica)

Typologie
AI2, AII7
Rubrik(en)
AS INT
Architekturbüro
Jean-Marc Lamunière & Associés architectes
Bauingenieubüro
P. Milleret, R. Perretten
Projekt
1974 — 1974
Ausführung
1976 — 1978

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Le site se trouve sur une colline en face de la ville de Todi, à un endroit formant une sorte de piton rocheux où la forêt, déjà clairsemée, cède le terrain aux oli­ viers. La vue s’étend de la ville historique de Todi, à l’église de Santa Maria délia Consolazione, supposée du Bramante, au pont de Pontecuti sur le Tibre et à la vallée de celui-ci alors qu'il commence à serpenter entre les collines qui séparent la plaine ombrienne de Perugia, d’Orvieto jusqu’au monastère de la Canonica. L’environnement construit est constitué d’une ponctuation de maisons rurales modestes, assemblage régulier de cubes. Le paysage est formé par des bois, des champs cultivés d’oliviers et il est doublement tramé de parcours recti­ lignes perpendiculaires à la pente et de routes modestes s’adaptant aux courbes de niveaux et bordées d’arbres et de taillis.

Programme Il s'agit d’un lieu de retraite et de travail pour un couple avec un enfant ou deux. Volontairement, les fonctions du loge­ ment ne sont pas tout à fait définies malgré les formes significatives, voire symboliques, que l’on a pu donner à tel ou tel espace ou à leurs articulations entre eux, qui évoquent un ou des usa­ ges plus précis. La construction est conçue sur trois niveaux.

Au niveau inférieur se trouve la cantine qui s’ouvre sur une petite terrasse cons­ truite sur la citerne. Au niveau supérieur se situe l’espace à proprement parler habitable composé de deux chambres et d’une salle d’eau. Communiquant direc­ tement sur l'espace commun qui comprend une cheminée et une petite cuisine centrale. Le premier étage, auquel on accède par l’extérieur, est destiné à l’atelier de travail. Des terrasses se développent latérale­ ment par rapport au terrain très raide. 42.29

Conception Le processus de composition a voulu établir une constellation de connotations que l'on peut diviser, peut-être arbitraire­ ment, en deux séries parallèles. En ce sens, on peut par analogie avec la lin­ guistique, revenir au concept saussurien des rapports associatifs. Une première série de rapports associa­ tifs veut évoquer par tel trait distinctif du projet un contenu prédéterminé avec lequel il est supposé établir une relation formelle, notamment dans la mémoire « cultivée » du désir. Ainsi, contre terre, se creuse la nuit et l’ombre des niches et les voûtes de la . vie intime; naissent aussi la source, la fontaine et la vasque. Au-dessus la lumière et les coups d’œil sur un pay­ sage fermé. Ainsi, face à la pente, se dégage le soleil du foyer et du repas de la vie commune. Au-dessus : la table de travail, le lanterneau, le couronnement; au-dessous: le socle, la cantine. L’assemblage, en plan et en coupe, de ces traits distinctifs tend à réduire l'arbi­ traire de chacun d’eux et à les cadrer dans une symbolique simple figurant un contenu global : l’atelier, le pavillon. Une deuxième série de rapports asso­ ciatifs essaie de manifester ouvertement l’apparentement de tel trait distinctif du projet avec une expression architectura­ le qu’il connote en rendant hommage à l’histoire du lieu et à celle des apprentis­ sages de l’auteur. Par exemple, le matériau dominant, le tuf, n’est plus utili­ sé dans la région que pour des cons­ tructions modestes, mais il est traité ici comme au temps de sa magnificence (la Badia d'Orvieto) et son accouplement avec la brique et le béton rappelle une intention de Paolo Portoghesi (casa Baldi). Les portiques décollés de la façade et l'emblématique, venturienne, de la che­ minée cite campaniles et colonnades des jardins et des églises de Todi. Les espaces « servants » (entrées, fontai­ ne et foyer) sont kahniens (laboratoires Richards) mais l'évidement de l’angle, par le porte-à-faux, est en partie contre­ dit par le support massif d'une coupole aplatie, industrialisée, reflet dérisoire de S.M. de la Consolation, elle-même plus présente dans le dessin des nicheschapelles. L'atelier se souvient de la voûte de la rue Nungesser et de la religiosité de l’atelier de Piero Dorazio à la Canonica. Les bal­ cons ronds et intérieurs, effleurant la façade, figurent la Johnson Wax, les escaliers extérieurs au sud sont postpalladiens, etc.

Construction Le sous-sol en béton armé et tous les murs de contention des terres sont en pierre naturelle. La structure portante est une ossature en béton armé. Les colonnes sont noyées dans des blocs de tuf. Les espaces majeurs, carrés, sont des dalles en béton armé apparent renforcées par un gousset le long de la poussée des voû­ tes en brique qui couvrent les espaces intermédiaires rectangulaires. Au centre, ces voûtes forment une croi­ sée sur la cuisine. La coupole est réalisée en béton armé coulé sur les hourdis; elle a reçu un pro­ duit imperméabilisant dont la polychro­ mie a été réalisée par le peintre Piero Dorazio. Toute la construction utilise des briques de tuf (0,15 x 0,30 x 0,45) dispo­ sées sur leur grand côté pour les éléments porteurs et leur petit côté pour les murs non porteurs. Les sols sont en briques y compris les terrasses sous le portique. Les terrasses extérieures des jardins sont recouvertes de pierre naturelle. Les écoulements des eaux pluviales sont apparents, ils sont réalisés en parois de terre cuite, le fond en mortier. Le chauffage est modeste, les radiateurs sont incorporés dans des banquettes situées dans les chambres. Les vitrages sont en bois peint, ils sont munis de moustiquaires et de volets extérieurs repliables. Bibliographie Bauen + Wohnen, N° 12,1975 Werk, Bauen & Wohnen, N° 1/2,1980 Biennale de Venise, Section architecture, 1980 AS Architecture suisse No 42/Juin 1980