LIBRE

Un Evangile selon Le Corbusier

Rubrik(en): LIBRE

Der Text der Artikel wird automatisch generiert und kann vereinzelt vom Original abweichen. Richten Sie sich bitte grundsätzlich an das Original-Pdf.

Un Evangile selon Le Corbusier A quarante kilomètres de la frontière suisse, la blanche chapelle de Ronchamp inscrit ses formes et ses mouvements de lumière en un espace lyrique et dynamique. Lieu de prière et de méditation où les zones d'ombre, de pénombre et de lumière se répartissent exactement, la chapelle construite par Le Corbusier en 1955 définit l'existence d'un nouvel espace, émouvant, irréel et sacré. Pèlerins et visiteurs affluent chaque jour sur ce dernier contrefort des Vosges vers ce poème mystique de béton dédié à la Vierge Marie. Pour l'abbé René Bolle Reddat, tout à la fois gardien, guide, animateur, provocateur, témoin et prêtre avant tout, la chapelle est sa vie. Sa vie depuis que la chapelle existe... Cette chapelle, il l'a vu naître et peu à peu, il s'est identifié à elle, épousant Ronchamp, comme il le dit lui-même. Car cet intransigeant, ce coléreux ouvert aux peines et aux détresses, écrit sa chapelle chaque jour depuis trente-deux années. Son livre, «Un Evangile selon Le Corbusier», qui vient de paraître aux Editions du Cerf, n'est pas seulement un livre de bord où il relate une aventure exceptionnelle, mais aussi un vibrant témoignage sur le signe de Ronchamp, dans le monde et dans l'Eglise. Rassurez-vous, celui qui accueille et célèbre à Ronchamp ne fait pas de sermons, il parle des hommes et des femmes venus du monde entier sur la colline de Bourlémont, il parle de la vie, de la mort, de l'espérance, des fleurs, des artistes, de l'architecture et de la paix. Il parle de Corbu, de son Corbu vécu au quotidien, du Corbu ayant «accepté de loger le Bon Dieu...«Il parle avec amour et compétence de «sa» chapelle «où les formes font du bruit et du silence...» Sans expliquer, il sait faire comprendre et aimer. Fidèle entre les fidèles, l'abbé Bolle Reddat maintient vivante l'œuvre de Le Corbusier et entretient amicalement et pieusement son souvenir. En cette année du centenaire de la naissance de Le Corbusier où le moindre écrit, le moindre dessin est prétexte à thèse, le livre du chapelain de Ronchamp est un hommage du cœur à l'architecte de la chapelle qui lui écrivait: «Je crois que la chapelle fera penser et aimer. Aimer la loyauté et le courage. Deux éléments nécessaires à notre époque.» A force de disséquer, expliquer, comparer les processus créatifs, on ne regarde pas, on oublie de voir. René Bolle Reddat, lui, n'oublie pas. Chaque jour, durant trente-deux années de sa vie, il a fréquenté l'architecture de Le Corbusier. Il sait la création mystérieuse et le hasard toujours présent. Il sait que les mots ne servent à rien, qu’ils sont inutiles et superficiels, il sait qu'il faut voir et sentir. Pourtant, il a écrit un livre, le livre de sa vie1. Il crie ce qu'il a entendu, ce qu'il a vécu. C'est son évangile selon Le Corbusier, son témoignage sur Ronchamp ce signe ineffable d'un espace en action... Jean Petit 1 «Un Evangile selon Le Corbusier». 392 pages, aux Editions du Cerf, 29, Latour-Maubourg, Paris.

Le Corbusier tout neuf... Pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de Le Corbusier, la Télévision romande et Antenne 2 diffusaient le même soir une version réduite à une heure du film de Jacques Barsac:«Le Corbusier». Avec sa version originale qui dure trois heures, ce film a obtenu le grand prix du Festival international du film d'Art de Paris à l'unanimité du jury. «Le Corbusier a toujours été un homme de son temps, mais il avait cinquante ans d'avance. Il m'a donc 79 iv

semblé logique, déclare Jacques Barsac, de réaliser un documentaire résolument moderne...» Ce film n'est pas seulement un documentaire sur une œuvre, il est un témoignage parlé par Le Corbusier lui-même. Il est aussi création, puisque grâce aux images de synthèse des projets non réalisés se concrétisent et prennent vie. Par le biais de l'ordinateur. Le Corbusier continue de créer. Réalisé en vidéo numérique, technique qui est à la vidéo ce qu'est le compact dise au disque ordinaire, le film de Jacques Barsac visualise pendant dix minutes, grâce aux ordinateurs de Thomson Digitale Image, des projets jamais réalisés. Voilà la Ville Contemporaine de trois millions d’habitants de 1922, le Plan Voisin... Voici le bâtiment Durand à Alger... On parcourt des espaces qui n'existaient pas, recréés grâce aux images de synthèse. Le Corbusier commente chronologiquement toute son œuvre, de la villa La Roche, aujourd'hui siège de la Fondation Le Corbusier, au couvent de la Tourette en passant par Chandigarh et Ronchamp. Dans les années 30, au lieu d'employer sa caméra pour filmer. Le Corbusier s'en servit comme d'un appareil photographique en travaillant image par image. Jacques Barsac en inscrivant dans son film les photogrammes ainsi réalisés présente un aspect inconnu de Le Corbusier toujours à l'affût de formes, d'images de formes, de volumes et d'espaces... Au-delà d'un documentaire, le film de Jacques Barsac, produit avec Christian Archambeau par leur société Ciné Service Technique1, est un émouvant témoignage. Visité par la grâce, il fait découvrir et aimer celui qui disait: «Je ne me prends pas pour un grand garçon, simplement pour un type qui se lève tous les matins dans la peau d'un imbécile et qui essaie de s'en sortir...» Merci à Jacques Barsac d’avoir laissé parler et créer un centenaire toujours vert... Jean Petit 1 On peut se procurer la bande vidéo de trois heures (Pal ou Secam) en s'adressant à Ciné Service Technique, 9, rue Vincent-Compoint, 75018-Paris.

Le Corbusier A l'occasion du centenaire de Le Corbusier, les Editions Archigraphie de Genève publient«Mise au point» le dernier texte de Le Corbusier. Un volume 16,5x16,5 cm, 128 pages, 25 illustrations, broché-cousu sous couverture 4 couleurs. Editions Archigraphie à Genève. Fr. 35.-. ISBN 2-88 287-000-0. En juillet 1965, quelques semaines avant sa mort, Le Corbusier rédigeait son dernier livre «Mise au point». Dans cette méditation à vive allure sur le monde et sur lui-même, il définit le sens de sa recherche et de ses travaux. Plutôt qu'un testament spirituel, ce texte de lutte est une leçon clairvoyante et digne, un signe d'espoir qui reparaît enfin à l'occasion du centenaire de Le Corbusier. Dans «l'urbanisme est une clef», qui dans cette nouvelle édition fait suite à «Mise au point», Le Corbusier a su inscrire la plupart des problèmes d'urbanisme de notre temps. Véritables schémas de pensée, les dessins accompagnant cet énoncé de principes et d'idées sont peut-être parmi les plus féconds qu’ait tracés Le Corbusier.