Architecture Suisse

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Aménagement de l'Ancien Palais des Expositions, Génève (1er prix)

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L'architecture s'autodétruit par haines réciproques, seule l’information ouverte peut triompher de cette attitude suicidaire,

Préalable Le jury insistait sur la relation que devait entretenir le système urbain et l'architecture proposée : «Les bâtiments universitaires ne sont pas uniquement des objets utilitaires appelés à satisfaire des besoins précis. Il s’agit d'édifices marquants de par leur contenu, leur rôle dans la Cité, leur durée. En ce sens, il est souhaité que le concours d'idées devienne une occasion culturelle importante qui rende compte, de manière exemplaire, de l'état actuel de la recherche et du débat en matière d'architecture et d'urbanisme, et que les résultats soient dignes du rôle que l'Université est appelée à jouer aujourd'hui et demain à Genève, et plus généralement en Suisse». Options Refusant la ségrégation du campus hors les murs, tels qu'on le rencontre à Zurich et Lausanne, et poursuivant la politique genevoise en la matière, le concours posait le problème de l'Université intra-muros. Nous avions la ferme conviction que l'Université est un des éléments essentiels de la Cité, «lieu d'échanges et de témoignages» par excellence. Refusant la division entre l’urbanisme et l'architecture, le concours fut pour nous un prétexte à la construction d'un scénario urbain et architectural. Catalyseur de la Forme urbaine, l'implantation de l'Université nous a amenés à opérer une réflexion sur le tissu urbain, sa maille et son échelle, les typologies et les gabarits qui le constituent, ainsi que les réseaux qui le définissent.

D'autre part, au travers de cette étude, nous voulions démontrer l'efficacité et l'opérationnalité d’une méthode de lecture de la Ville, de même qu'une méthode de constitution de la forme urbaine et architecturale. Ceci à travers tout un processus de sélections et de combinaisons d'éléments architecturaux faisant constamment référence à l'histoire du lieu (Genève) et chargé de sens pour la collectivité comme à une certaine histoire de l'architecture, mémorisée par les auteurs et émergeant de leur propre vécu. Forme urbaine La forme urbaine proposée rend hommage à l'institution qu’est l'Université, sans équivoque, mais non au détriment de l’échelle urbaine l'isolant, par exemple, tel un «bel objet» noyé dans la verdure. Le tissu urbain à recréer (à recoudre! ?) devait refléter l'image de la collectivité et de ses forces antagonistes, en jouant sur l'opposition d’éléments conventionnels et quotidiens et d'éléments plus significatifs et représentatifs. L'étendue de la parcelle et sa situation urbaine privilégiée nous a amenés à la fragmenter pour reconstituer le tissu à l'échelle du «Ring» genevois, à la morphologie d'îlot sur cour, en prolongeant les rues Patru et Dubois-Melly jusqu'au quai Ansermet; car la définition d'îlot est inhérente aux réseaux qui sous-tendent la trame urbaine. Ainsi, par des éléments naturels (parcs, jardins, avenues bordées d’arbres), nous avons revalorisé les grands réseaux reliant les différentes institutions universitaires entre elles.

Le terrain disponible fut subdivisé en trois îlots : l'îlot est comprend des logements et commerces, prolongeant ceux existants, organisés autour d'un grand square arborisé et dont l'angle nord reconnaît le carrefour du Pont-d'Arve et l'accès au square, rappelant l'ancienne entrée du Palais des Expositions. L'îlot ouest regroupe l'Arsenal et ses prolongements, des locaux destinés au commerce et à l’artisanat se renfermant sur un jardin. L'îlot central est totalement investi par le bâtiment universitaire qui circonscrit une cour, à l'exemple de l'îlot formé pour l'Ecole des Beaux-Arts et le Musée d'Art et d'Histoire de Genève. La redéfinition de l’échelle urbaine par la création d’îlots et de réseaux renvoie à des principes d'ordre différent quant au choix relatif, à l'organisation et aux affectations des espaces. Le parc unique fut écarté, car il nous sembait erroné de créer un parc entre la plaine de Plainpalais et les Vernets. Il s'est matérialisé par un triple éclatement dans la cour (campus) de l'Université, un jardin et square, suggérant des installations distinctes et propres à l’îlot qui les enserrent. Un autre principe fut la promotion d'un mélange d'activités, mixage inhérent à toute cité. Enfin, dernier principe, sous-jacent aux précédents, promeut une forte hiérarchie des différents espaces extérieurs et intérieurs quant à leur gabarit, leur affectation, leur accès et leur expression, accentuant ainsi la lisibilité du tissu. Le bâtiment universitaire est renforcé en tant qu'institution par une image dense et compacte, très «signifiante», et se distingue du tissu urbain pour mieux le valoriser. Le dessin de l'Université est relativement «héroïque», et l'architecture du tissu est banalisé, voire mimétique. Dans cet esprit, si les architectes ordonnent le tissu urbain, ils démontrent par leur action qu'ils ne cherchent pas à s'approprier la totalité du territoire à disposition par une opération globale et totalitaire, mais à suggérer une organisation urbaine se déroulant progressivement dans le temps. L'institution universitaire L’Université s'organise en quatre corps de bâtiments avec leur propre centralité, autour d'une cour. Flanquant les côtés est et ouest, les deux facultés ont été décomposées en lieux du savoir et de la connaissance, au nord tourné vers la Ville, le Rectorat et l'Administration, lieux de l'organisation et au sud, face à l'Arve et à la nature, la Bibliothèque, lieu de la mémoire. Dans la cour, semi-enterrée, éclairés par des fenêtres hautes, les trois espaces majeurs que sont les salles omnisport, polyvalente et de spectacle. Le rôle de l'Institution est ainsi valorisé par un mixage dense. Et la cour, d'un niveau au-dessus de la rue devient l'étage de référence de l'Université. L'organisation du plan et de la coupe articule progressivement, du centre vers la périphérie, les grands espaces collectifs avec les espaces plus petits à caractère communautaire et individuel des facultés. En outre, le bâtiment s'oriente latéralement vers les squares avec, dans le rez-de-chaussée, un portique jouant le rôle d'élément de transition entre l'Université et la Ville, grand porche destiné à la collectivité et dont la colonnade est pour nous le symbole. Autre symbole encore, en opposition volontaire au caractère fonctionnel

de la partie administrative, le double escalier et la loggia de la bibliothèque magnifie ce lieu privilégié de la mémoire. En plus de leur situation particulière, les quatre corps de bâtiments entourant la cour se définissent par une propre centralité reconnue au travers de la symbolique de leur accès; la géométrie des deux axes est matérialisée et ponctuée par les entrées respectives aux différentes parties du bâtiment. Parvis, porches, portes et escaliers sont dessinés d'aspect solennel, à l'aide de piles, de colonnes, d'arcs et de frontons symbolisant l'activité institutionnelle qu'ils annoncent. La géométrie doublement axiale du projet renvoie au traitement des angles. Exprimés comme des éléments d'articulation et de chaînage, ils accueillent en réunissant les différents corps de bâtiments entre eux, des entrées secondaires et des montées très fonctionalisées. Toute la composition, respectant la pluralité et l'unicité des parties, les organise en une unité non contradictoire, au travers des deux éléments fondamentaux de la structure spatiale : la colonne et le mur. Le dessin Nous voudrions brièvement aborder le problème du dessin et la manière dont il a été présenté lors du concours. Le dessin est le moyen de penser à l’Architecture. Il est donc inhérent à la méthode dont il est issu et tente de la représenter au même titre que la finalité qu'il véhicule en tant que message. Ainsi, le message adressé à la collectivité, et représenté par le plan et la coupe, est prolongé par trois types d'images différents. Ils s'unifient telle une Rhétorique. Le premier type renvoie à des associations que nous établissons avec l'histoire de l'Architecture et du Lieu. Il tente de^ préciser les référents du geste architectural que nous dessinons et les problèmes que nous soumettons à la critique. Le deuxième type, la perspective, exprime un donné à voir possible, dénotant la volonté du message dans une vision idéale. Enfin, le dernier est du ressort de l'explication où l'architecture démontre ses propres règles et les articultations quelle propose dans un plan axonométrique. Le rôle que joue ici l'histoire devient donc un moyen de contrôle méthodologique où le projet architectural et les concepts théoriques qui lui sont sous-jacents se développent et se réfléchissent. Pour conclure, si notre projet peut se présenter pour certains sous un aspect monumental, nous acceptons ce qualificatif au sens où J.-M. Lamunière dans son article : «Requiem pour une architecture civile»' le définit tel un «langage instaurateur» évitant que «tout ce qui devrait représenter le système de valeur auquel s'attacherait l'Etat ne reflète plus que sa propre résignation ordinaire, la forme la plus désolante de production d'un espace consommable et spéculatif». Nous démarquant d'un certain professionnalisme, nous avons voulu recréer un imaginaire urbain incluant une distance critique. Et si un dialogue s'est établi avec le jury du concours il s'est, malgré nous, brutalement rompu avec les autorités politiques. _ . . .. Patrick Mestelan Bernard Cachet. 1 Alliance culturelle romande 1981

35 est un fichier comparatif de l'architecture suisse contemporaine 35 est un précieux outil de travail Un pas décisif vers une meilleure information 12e année