«Les distances entre les choses font partie de la nature. Mettre des choses jointives ou les séparer fait partie de la nature et les distances font partie des substances» (Paul Virilio). Ainsi, les différents ouvrages d'art tels que portails, centrales de ventilation, cheminées d'évacuation d'air vicié, viaducs, passages supérieurs, inférieurs, etc. ponctuent le tracé et ouvrent des parenthèses de paysages redevenus lisibles par interactivité, qualifiant l'entre deux choses. Conçus de plus, consciemment, comme
un apport au paysage et non comme une fatalité ou une nécessité, les mêmes ouvrages d'art cherchent à susciter une émotion née elle-même d'une lecture sensitive et préalable du paysage. S'il existe une volonté précise de dialoguer avec le paysage, il ne s'agit pas de se fondre dans le contexte, mais bien de s'en démarquer tout en s'y intégrant. La démarche consiste à revendiquer l'auto route comme un ajout contemporain porteur d'une valeur paysagère intrinsèque, une construction comme témoin de notre temps qui peut lui apporter une profondeur supplémentaire. L’autoroute serait-elle un espace absolu, universel, avec des caractéristiques identiques aux quatre coins du monde, neutralisant la singularité des lieux réels? Si le vocabulaire recherché avec un souci de la typologie, du rapport à la vitesse, de dessins de formes facilement lisibles et faciles à mémoriser créent un paysage d’autoroute; le rapport au lieu donne naissance à des ouvrages porteurs d'une identité. Renato Salvi, 2002