Reconstruction de l'ancien abattoir municipal en ruine, affecté au Musée d'art et d'histoire. Réorganisation en un tout du noyau de bâtiments formant le musée de part et d'autre de la rue de Morat. Conception / Konzeption L'ancien abattoir de Fribourg, construit de 1834 à 1836 d'après les plans du célèbre facteur d’orgues Aloys Moser, est un des rares monuments Restauration de la ville. Désaffecté pendant plusieurs années, puis incendié en 1975, il ne restait de l'imposante bâtisse que les murs. Les puissantes combles, à croupe et à ressaut furent entièrement détruites.
Implanté dans la pente du Varis et adossé au rempart de la troisième enceinte de la ville, le bâtiment développe ses façades côté rue sur un socle en pierre de tuf horizontal. La suite des ouvertures en arcade et des groupes ternaires des fenêtres de l'étage attestent de la sensibilité rythmique de l'auteur. L'analyse du tracé livre une modulation précise sur une base de 30 cm (390/780). Malgré l'état de la ruine, les autorités de la ville et du canton ont décidé de l'affectation de l'ancien abattoir à l'extension du Musée d'art et d'histoire et de sa reconstruction. Cette réhabilitation offre au musée des espaces muséographiques sur une surface d’exposition de 1340 m2. Elle a en outre permis de réorganiser en un tout le noyau des bâtiments formant le complexe du musée. Hôtel Ratzé, annexes et ancien abattoir sont desservis par une seule entrée, alimentés par une centrale de chauffe et reliés par une galerie inférieure sous la rue de Morat. Elle remplit la fonction de vase communiquant pourvisiteurs, matériel, énergie et sécurité. L'implantation d'un nouveau cheminement public protégé, parallèle au cheminement intérieur des visiteurs (galerie inférieure et arcades de l’ancien abattoir) bénéficie de l'animation du musée et contribue à l'assainissement de l’espace public du secteur.
La restauration a consisté à rendre aux façades (délabrées) leur état d'origine, travail finement exécuté par des tailleurs de pierre expérimentés. La restitution des ouvertures totales des arcades et un percement à l’ouest pour le passage des piétons constituent les seules interventions architecturales. Intérieurement, les espaces primaires sont conservés. Les murs sont mis à nu par ravalement, assainis et maintenus tels quels. La tour des circulations verticales (escaliers de service, monte charge, fluides) est placée en fonction du gabarit du toit. Le béton armé est employé pour les travaux de sous-œuvre, consolidation, dalles et lourde circulation. L'introduction de structures de cheminement en acier et verre, qui s'articulent de part et d'autre du mur médian, exprime clairement l'intervention. Placés selon le module du bâtiment, escaliers, passerelles, balcons et plates-formes semi-circulaires (absides) prennent en charge le visiteur et le guident à travers des espaces, ambiances et effets muséographiques variés. Un tube continu, éclairé au néon, sert à l'orientation. Les escaliers et passerelles sont constitués de profils UNP reliés par des marches métalliques ou des tôles remplies de béton. Chaque abside est un demi-cercle dont l'ossature est formée par des rayons et des cercles concentriques. Cette structure en grille radiale est appuyée en son centre en deux points d'un cercle et sur l'ancien mur. Comme la paroi en plots de verre des absides est située à l'extrémité des porte-à-faux des rayons et qu'elle ne tolère que de très faibles déformations, il a été choisi de la suspendre à la dalle de béton au-dessus plutôt que de la poser sur la structure métallique.
Reconstruction des combles: La toiture a été rétablie dans son gabarit d'origine et le détail soigneusement traité. A l'intérieur, une structure d'acier composée selon le module de Moser (780 cm) porte une charpente en bois traditionnelle protégée par une double couche de plâtre. L'éclairage naturel est diffusé et filtré par le lanterneau. Les piliers comprennent un système d'accrochage de panneaux permettant la variabilité de l'espace ainsi que l'éclairage artificiel et la sécurité. Cette structure représente l’une des particularités de cette reconstruction. La charpente métallique est un système ramifié, réalisé au moyen de tubes d'acier dont tous les nœuds sont soudés, et pour lesquels il a été nécessaire de dessiner en vraie grandeur toutes les intersections pour assurer la découpe correcte des tubes, le façonnage des lèvres et le soudage. Ce travail de haute précision a été parfaitement exécuté. Statiquement, le système est une juxtaposition de cadres spatiaux à quatre pieds, contreventés par une grande poutre triangulée, située dans le plan supérieur. L'emploi de structures métalliques construites en atelier et assemblées sur place a constitué un gain de temps appréciable dans la reconstruction de l'ancien abattoir.