Architecture Suisse

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Règlements et image architecturale

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Animation artistique du Gymnase de la Cité 1005 Lausanne Dans notre numéro 78, août 1987, en page 31, il faut préciser: Mahre de l'ouvrage: Etat de Vaud, Département des travaux, Service des bâtiments. Transformation du Gymnase, architectes: Pierre Grand SIA, J.-P. Crausaz, J.-M. Sulmoni, ass. 1004 Lausanne.

Une œuvre claire, telle la délicate Villa Savoye, classée monument historique par André Malraux, aurait peu de chance de passer intacte la censure des lois locales aujourd'hui. Outre les questions de toiture, signalons la longueur des façades, parfois l'absence de corniches, qui vaudraient sans doute à son auteur la correctionnelle, si l'envie lui prenait de rester fidèle à sa vocation de créateur. Ein solches Werk, hell und klar, wie zum Beispiel die delikate Villa Savoye, von André Malraux zu einem historischen Monument ernannt, hätte wenig Chance unversehrt die Kontrolle der heutigen Ortsgesetze zu bestehen. Ausser den Fragen betreffend das Dach, betrachten wir die Länge der Fassaden, hie und da die Abwesenheit des Dachfusses, was dem Autor heute bestimmt die Strafkammer bringen würde, sollte ihn die Lust, seiner Berufung treu zu bleiben, packen.

Eléments de construction Toitures, un problème révélateur. C'est une question d'esthétique! Le conseil municipal a estimé que le toit plat, ce n'était pas de chez nous, ce n'était pas fait pour la commune, pour une question d'architecture, d'esthétique, d'intégration au site... ce n'était pas beau, alors on a aboli carrément cette disposition. C'est peut-être le problème qui cristallise le plus les discussions entre les «pro»et les «anti-règlements», la fameuse forme des toitures. ... haine viscérale et instinctive du toit plat, nous ne sommes pas en Grèce ni au Maroc. Les raisons sont innées, d'ordre esthétique au niveau primaire, pas raisonnées. On préfère ta familiarité avec les vieux chers toits des campagnes. Les règlements, d'ailleurs, taillent une part de lion aux divers aspects concernant la toiture. La commune d'Etraz, par exemple, y consacre 9 articles dans sa version actuelle. Quant au Puits, l’article de l'ancien règlement qui autorisait des dérogations pour des toits plats, pour«des motifs d'ordre architectural, esthétique ou topographiques» a purement et simplement disparu dans la version actuellement en vigueur. ...le conseil municipal a estimé qu'un toit plat n'était pas fait pour la commune... une question d'architecture, d'esthétique, d'intégration au site, ce n'était pas beau, alors on a aboli carrément cette disposition. ... oui évidemment, ça se voit moins que dans un terrain en pente, mais je ne sais pas... On estime qu'une maison avec un toit à deux, trois/?), quatre pans, c'est plus joli... C'est comme ça que cela se fait ici, je crois qu'on n'est pas la seule commune à interdire le toit plat. Cette«chasse aux sorcières» à laquelle Glarier échappe, se traduit autant dans les articles qui y sont consacrés, que dans le vocabulaire employé. Aux Sablons et au Puits, on mesurait la hauteur à la corniche, dans les anciens règlements, alors qu'aujourd'hui on la mesure à la panne sablière (voire au faîte). Ainsi, par un simple jeu des mots, la notion de toit plat disparaît du champ de discussion possible, il n'est même plus besoin de l'interdire ! Comment expliquer cette mobilisation générale ? Geneviève Heller, auteur d'une thèse sur le mouvement hygiéniste, avance: Faire différent des autres, c'est ne pas accepter le consensus du modèle de la villa, c'est vouloir se distinguer. C'est comme l'individu au niveau de l'habillement, s'il se distingue trop, il provoque un malaise et il y a rejet, en général. Si cette explication est plausible, nous pouvons tout de même nous poser la question de savoir quelles sont les réminiscences de la fameuse «querelle du toit plat» qui secoua les campagnes avant la dernière guerre. Comme l'explique le professeur Jacques Gubler dans son livre«Nationalisme et internationalisme dans l'architecture moderne de la Suisse»: Aux alentours de l'année 1933, les politiciens helvétiques-pour la première fois, et l'épisode est resté unique - débattent

communément de l'esthétique de l'architecture: c'est la «querelle du toit plat» à l'échelon communal, cantonal et national. H ne s'agira directement ni du coût, ni du prestige, ni de l'aspect financier, ni de l'opportunité même de l'architecture, mais de sa forme, de sa silhouette... A travers cet élément, c'est le mouvement moderne «Cheval de Troie du bolchévisme» comme le prétendait la thèse d'Alexandre de Senge/-qui était visé. Il n'en reste pas moins, qu'aujourd'hui, bien que les attaques qu'il doit essuyer ne soient plus d'ordre politique, elles restent enracinées dans le domaine de la subjectivité.

Combles habités Concernant toujours les toitures, on peut remarquer, au fil des règlements, l'augmentation de leur pente, à mettre en relation avec la demande croissante d'espace pour l'habitation, et l'augmentation de la surface utilisable de plancher sous toiture. Il est important, pour nous, de noter l'ambiguïté consistant à vouloir absolument conserver le toit en pente qui, étant «froid», couronnait le corps d'habitation, et d'habiter néanmoins la toiture au même titre que le reste du bâtiment. Et ceci malgré les problèmes d'aération de ces«parapluies»qui protègent la maison. Cette volonté aboutit également à la perte de toute l'imagerie du grenier tel que l'entend Gaston Bachelard dans «La poétique de l'espace». Les greniers complètement exploités comme aujourd'hui, ce n'est même plus la possibilité d'avoir des espaces de réserve, des espaces de rêves, des espaces presque gratuits.

Intégration des toitures Ce désir farouche d'intégration des bâtiments dans un paysage par leur toiture aboutit parfois à des aberrations constructives. A Conflans-Les-Chaumières, la salle«omnisport» représentant un trop grand volume pour être couverte par un seul toit à deux ou à quatre pans, et refusant l'idée d'un toit plat, on a eu recours à un artifice. Quatre petites toitures pyramidales coiffent le tout. Malheureusement la vocation de la salle empêchait la position, en plein centre de quatre poteaux, il a fallu trouver des prouesses techniques pour pouvoir soutenir le tout, provoquant une lourdeur excessive du système porteur. En plus, l'image donnée par ces quatre toitures ne correspond plus du tout à l'unité de l'espace couvert. Nous pouvons également citer le cas de la grande salle de Sablons qui, pour cacher un toit plat, aboutit à une gymnastique architecturale de camouflage. ...C'est bien un toit plat, si on veut, mais tout le tour on a fait disons, je ne sais pas comment vous appelez cela... l'aspect fait un toit à deux ou quatre pans, vousvoyez, c'est pour éviter d'avoir, avec des villas à côté, une immense toiture... Enfin, un corollaire de l'appropriation des espaces sous toitures, est la nécessité d'y amenerde la lumière. Lucarnes L e problème de Gtarier, c 'est les vieilles maisons à grenier qui n 'ont plus de grenier, donc tout comble devient habitable. Ce qui veut dire qu'aussitôt qu'on l'habite, on crée des ouvertures en toiture pour donner la lumière, qui est souvent imposée par un autre règlement. ..On a bien des problèmes, parce qu'à des arguments de plan architectural, historique ou autres, on vous répond avec des critères économiques. On aurait des toitures qui ressemblent à des fromages... ce qui fait qu'on est obligé de mettre des garde-fous! On se retrouve ainsi face à une multitude de règlements traitant des percements en toiture, et définissant leur position, leur nombre, leur surface et leurs dimensions. Concernant ce dernier point, la règle maximum est souvent dictée, étant donné que nos «vieux chers toits des campagnes» n'étaient pas percés, par des dimensions des catalogues d'un fabricant de tabatières normalisées. Commune du Puits, règlements de 1960 et 1970: Art. (...) Les tabatières peuvent être placées à l'aplomb du parement extérieur, mais sans interrompre l'avant-toit. Commune du Puits, règlement de 1975: Art. (...) Les lucarnes seront placées au moins à 37,5 cm en retrait du parement extérieur de la façade et il est interdit d'interrompre l'avant-toit. Commune du Puits, règlement des années 80: Art. (...) Les lucarnes sont placées à 50 cm au moins en retrait du mur de façade sans interrompre l'avant-toit. Entre-temps, leurs largeurs additionnées passent de 30% à 40% de la longueur de la façade. On nage en pleine objectivité ! 78.ll

Une fois encore, nous avons l'impression que ces percements étant un mal nécessaire, on les accepte, mais en essayant de les codifier pour les voir le moins possible. Hygiène visuelle Tous les éléments ne sont pas, d’ailleurs, les seuls qui dérangent. On pourrait citer les usines, les silos, les clôtures qui, étant des composantes gênantes, doivent souvent être «masquées» par des arbres et des haies de préférence. Il est juste de dire que Glarier est la seule des quatre communes étudiées qui voit dans la végétation, autre chose qu'un simple élément de camouflage. Glarier, règlement actuellement en vigueur: Art. (...) La commune a le droit de mettre des arbres sur les places et le long des voies publiques. A un autre niveau, on peut s'interroger sur la différence subtile entre s'intégrer et s'intégrer discrètement - voir Le Puits, règlement actuel - pourrait-on s'intégrer ostensiblement ? Il est révélateur de noter que par cette opération d'hygiène visuelle, on s'occupe aussi bien des entrepôts, des dépôts extérieurs que des antennes TV. L'existence de ces dernières n'a été prise en compte que depuis les derniers règlements-jusqu'à trois articles pour Glarier. Sablons a trouvé à ce problème une réponse claire, redonnant aux combles leur valeur de source d'images et de rêveries (voir Gaston Bachelard précédemment). Commune des Sablons, règlement actuel. Art. (...) Les antennes seront cachées dans les combles. Couleurs Nous parlerons encore des couleurs -tous les règlements s'en occupent-qui, si elles sont blanches, claires ou criardes sont interdites, mais qui, mates et foncées, font disparaître les silos ! Commune des Sablons, règlement actuel. Art. (...) Les silos ne dépasseront pas une hauteur de 11 m et s'intégreront au mieux dans le paysage parleurs teintes mates ou foncées. On a laissé faire une villa bien assezJaune... on s'est fait critiquer par la population. C'est un peu la mentalité des gens qui veulent rester, disons, traditionalistes. C'est une question d'interprétation. Nous citerons ici, une anecdote d'un membre de l'administration locale: Quelques années en arrière, en restaurant les couleurs d'origine sur les maisons de X/t-XVIIe siècles, on découvrait des couleurs partout. Tout ce terroir était en couleur, les fermes étaient peintes en blanc, rouge, jaune... ça donnait des drames épouvantables, des procès. Les premières ont donné lieu à des réunions publiques sur la place du village, on a failli se faire lyncher, on nous a traités de germains... Un fantaisiste qui était là, // vivait encore, a fait un numéro en parlant de Stein-am-See... C'est une perte culturelle totale! A la même époque, Galfettirestaurait une église à Riva San Vitale en... jaune vif, sans problème! Et comme l'explique un ancien responsable de cette même administration: Chaque fois qu'un élément choque - couleur trop criarde, avant-toit trop long, etc. - les gens disent: il faut changer le règlement pour que ça n 'arrive plus ! Ainsi, on voit s'allonger, au fil des règlements, le cortège des articles... Ces exemples mettent en relief le problème de la mémoire individuelle et collective. Terminologie-clé Pour clore la liste de ces remarques, énumérons quelques-uns des termes les plus fréquents qui, pour nous, semblent significatifs de la subjectivité de certains articles, mais surtout de la volonté de perpétuer une image passée ou, peut-être, plutôt de la peur du changement et de la nouveauté. Les bâtiments récents, les toits, les façades doivent: - former un ensemble architecturé avec les, le - s'intégrera l'ensemble pour former un tout bâtiments existants, avec les, le - être compatible avec les, le quartier - être traité en harmonie avec les, le ou ne doivent pas: - nuire à l'esthétique de, du site, lieu, - porter atteinte à, au voisinage, - nuire au bon aspect du quartier, etc. - compromettre le Constatations Les premiers enseignements que nous pouvons tirer de tout ce qui précède sont que, malgré une indépendance communale chère au terroir, malgré les différences - relevées précédemment - entre les communes étudiées, leurs règlements se ressemblent terriblement.

7 8 Août 1987 August Nous pourrions dire que c'est la ville qui semble le moins opposée à «la nouveauté» et à la «créativité», et que c'est la petite commune qui s'y oppose le plus farouchement. Le degré de permissivité donnerait ainsi Glarier, Etraz, Le Puits, Les Sablons dans un ordre décroissant. Un autre point très important à signaler est la diminution des possibilités de dérogation, bien qu'à Glarier, avec la nouvelle mouture du règlement, on essaie de revenir en arrière. La grande discussion actuellement dans le terroir, je crois qu'on est allé très loin dans la réglementation, trop loin selon certains, les architectes notamment qui se plaignent qu'ils n'ont plus de liberté. On est allé assez loin dans les prescriptions pour essayer de se mettre des garde-fous, pour avoir une architecture qui soit passe-partout si on veut, parce que c 'est finalement ça à quoi on arrive, et puis avec ce système-là, on s'est fermé à des réalisations novatrices, pour lesquelles on n'arrive plus sans dérogations, c'est un champ difficile, parce quelles doivent reposer sur une base légale. H faut accorder des dérogations pour encourager la promotion d'une architecture de qualité, ou ayant valeur exemplaire sur le plan constructif ou énergétique. Est-ce à dire que sans dérogation on ne peut plus faire que de l'architecture très moyenne ? Les commissions L'évolution des commissions consultatives est intéressante à étudier parallèlement. En 1910 à Glarier, la commission comprenait trois membres, dont un médecin et un homme «compétent dans les questions techniques». En 1960, dans la même commune, elle comprenait cinq membres, soit deux architectes, un géomètre, un juriste et un artiste. Actuellement, elle est composée de cinq à neuf membres dont les qualités ou professions ne sont plus spécifiées. Au Puits, le secrétaire lors de l'entrevue, nous a dit que leur commission formée à l'origine de cinq membres, présidée par un avocat et composée de deux architectes et de deux géomètres, était actuellement toujours composée de cinq membres, avec un juriste à la présidence, un architecte, un géomètre, les deux autres membres étant des conseillers communaux. Ceci est d'ailleurs confirmé par le règlement actuel. Dans ce cas, la présence de deux mêmes personnes, au conseil municipal et à la commission consultative pourrait donner à réfléchir! Les deux citations - tirées des entrevues - ci-dessous, ne peuvent effectivement que nous conforter dans nos doutes : Les commissions font des préavis, mais le conseil municipal fait ce qu 7/ veut de ces préavis, ...la plupart du temps le conseil municipal ne suit pas ces commissions, on peut se poser la question... Le conseil municipal, en tout cas ici à Glarier, considère ces commissions comme étant des empêcheurs de danser en rond, des grands jaloux à l'égard de confrères qui présentent d'honnêtes projets, etc. alors voilà, c'en est là/ Il y a souvent de telles pressions économiques venant de /'extérieurpour obtenir ce fameux permis... Il y a un grand découragement de la part des commissaires... ils voient très bien ce qui se réalise et ce qu'on a fait de leur avis, alors, déçus, ils démissionnent. Dans les communes ne connaissant pas de commission consultative en matière d'architecture, on trouve souvent un article qui a la teneur suivante: Commune des Sablons, règlement actuel: Art. (...) Pour former son préavis sur tous les objets relatifs au plan d'extension et à la construction, le conseil municipal peut prendre l'avis de personnes compétentes dans la branche de là construction et de /'urbanisme. Tout cela reste, il faut bien l'admettre, très vague. Il est bien précisé «peut prendre», elle n'y est donc en aucun cas tenue. Réflexions La réalité du règlement, telle que nous l'avons découverte à travers l'analyse, est complètement étrangère à ce que nous apprenons à l'école. Les concepts d'intégration, de cohérence, de langage expriment des visions différentes que l'on se place du côté du règlement ou de celui de la théorie d'architecture. Toute construction a été, à travers les époques, le reflet des conditions géographiques, sociales, économiques, psychologiques et historiques de son temps. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Les règlements, tels qu’ils sont conçus, ont tendance à promouvoir une architecture dite régionale. 78.iv

Une idée nouvelle : l'habitat groupé, mode bucolique. Tout le monde est content, voici que la ville est à la campagne sous les apparences du terroir.

figée, d'une époque non identifiable, ayant pour seuls caractères les images pittoresques du bon vieux temps. ...La régionalité comme référence architecturale n'est au fond qu'un alibi, elle ne renvoie à aucune réalité géographique. («Le néo-style régional», S. OstrowetskyetJ. S. Bordreuil, p. 116.) Le néo est en définitive totalement différent de l'originaire. Ce sont presque les traits du néo qui servent de code de reconnaissance de l'originaire et non plus l'originaire qui constitue le modèle. Le passé peut désormais s'affirmer au présent. H n 'est pratiquement plus une mémoire, mais la matérialisation d'un souvenir préfabriqué. Inversion temporelle qui fait pénétrer le traditionnel comme discours de la mode: une permanence évoquée au sein du fonctionnement cyclique de la marchandise. («Le néo-style régional», p. 146.) L'intégration réglementaire doit être entendue comme mimétisme. Quelle que soit la fonction du bâtiment, il doit se confondre par sa forme, son gabarit, ses matériaux à ce qui existe aux alentours. Une nouvelle villa doit ressembler à celles déjà existantes qui, elles-mêmes essaient de ressembler à une ferme vieille de deux siècles. Quant à la nouvelle maison de ville du Puits, elle veut ressembler à une vieille maison d’habitation se trouvant en face. Si nous comparons l'Hôtel de Ville de Sâynatsalo de Alvar Aalto, à celui du Puits, nous remarquons, indépendamment de leurs qualités architecturales, la volonté du premier de définir l'espace d'assemblée, symbole de la démocratie, comme l'élément signifiant de sa conception et donc, visible et prédominant. Le Puits, règlement communal: Art.(...) Les nouveaux bâtiments, transformations ou reconstructions doivent s'intégrer dans le quartier et respecter les caractères du village, en ce qui concerne particulièrement les détails de constructions, le traitement des ouvertures (forme, proportions et répartition), les couleurs des façades, ainsi que les toitures. Un membre de l'administration de l'endroit commente le bâtiment neuf: Vous êtes ici dans un bâtiment qui est neuf, qui vient d'être construit (...) l'architecte à l'intérieur a fait du moderne, on est d'accord, du verre, c'est ouvert... des choses comme ça. Mais concernant l'architecture du bâtiment qui se marie avec les bâtiments, les toits, etc. que vous trouvez dans les vieux bâtiments. Il a fait des galeries exactement la même chose que les vieux bâtiments. H a ressorti du bois, etc. parce qu'il a voulu que ce bâtiment s'intégre bien à l'environnement... les autres. Et il a remarqué une caractéristique au Puits, les grands toits très bas, les galeries intérieures qu'on voit, en bois. Il s'est inspiré là-dessus (...). On demande aux architectes de faire une certaine recherche. Dans le deuxième cas, il ne peut affirmer sa réalité, car il doit ressembler aux maisons alentours. Ou quand l'intégration tue l'identité ! Le chalet Un autre exemple peut encore expliciter notre pensée, le chalet. A l'origine, le chalet était la somme de plusieurs conditions locales réunies, sa technologie, ses matériaux, sa forme, ses fonctions et son entité répondaient naturellement à des nécessités objectives. Nous ne critiquerons pas le changement d'affectation des locaux des vieux chalets, finalement la manière de vivre et les besoins des gens ont changé, ce que nous regrettons, c'est le fait que dès qu'un terrain est en pente, entouré de quelques arbres, sans être forcément des sapins, et ceci à une altitude supérieure à quelques

centaines de mètres sur mer, on se sente obligés d'y mettre des chalets, comme étant la seule réponse valable au territoire et que, surtout le règlement oblige ce mode «d’intégration». Nous faisons ici référence au cas du «Champ des Anémones», sur la commune d'Etraz. Il y a ceci d'intéressant que Ton peut suivre la démarche administrative qui a abouti à cette situation. C'est, en effet, les habitants du «Champ des Anémones» qui l'ont voulue. (Préavis municipal:) Le groupement des propriétaires du «Champ des Anémones» (plus de dix propriétaires) déclare s'opposer à toute construction autre que des chalets sur le lotissement des Anémones. Il demande que cela soit précisé dans le nouveau plan, afin de conserver à ce quartier son esthétique actuelle. Réponse: Le conseil municipal est favorable à cette demande et à une disposition spéciale consacrant l'état existant. Elle propose en conséquence l'adjonction à l'art (...) du projet de règlement d'un deuxième alinéa qui aurait la teneur suivante: «Dans le secteur du «Champ des Anémones» seules sont autorisées des constructions du type chalet. » Satisfaction serait ainsi donnée aux opposants sans qu'H soit nécessaire de créer une nouvelle zone. Et ceci, alors qu'il n'existait pas d'authentique chalet au «Champ des Anémones» auparavant. On peut mettre ceci en parallèle avec la citation suivante: Nous relevons, au demeurant, que les plus virulents partisans du mode de vie en milieu rural (ou semi-rural) sont les derniers arrivés, ceux qui voudraient qu 'après eux plus personne ne profite de ce bienfait. (Thèse universitaire d'un aménagiste du territoire.) Cet exemple nous amène à parler de la zone villas et inévitablement de la trop fameuse villa dans le style du terroir. Nous devons reconnaître que les règlements ne disent pas, explicitement, qu'il faut construire des villas dans le style du terroir, mais en empêchant d'autres expériences que celles qui sont exprimées par l'imagerie populaire, le cliché, ils entretiennent le néo-style régional dérivé de la ferme. Depuis, la législation aidant, c'est l'absence de références régionales qui est l'exception, exception coûteuse et risquée, puisque les critères d’obtention du permis de construire font une part sans cesse plus large à des éléments comme l'intégration, et donc (mais ce donc ne va pas de soi) au caractère régional du style. («Le néo-style régional», p. 44.) Bien que ce commentaire illustre une commune étrangère, il est tout à fait valable pour le terroir. ...bon si c'est une zone-villas tout en dehors, où H n'y a rien, on peut, peut-être, admettre d'autres choses, mais on veut que ça reste quand même traditionnel, la villa, si possible ta villa dans le style du terroir. On va pas jusqu'à imposer tout aux architectes... il faut qu'ils aient une certaine liberté, mais il faut faire attention. La physionomie du «néo-style» du terroir est caractérisée, d'une manière générale, par la réduction du gabarit et en même temps par la dilatation des ouvertures ainsi que leur déplacement par rapport au modèle de la ferme (problème du placement des toitures dont nous avons parlé précédemment). La dénaturation du modèle est aussi frappante à l'extérieur qu'à l'intérieur. Les maisons particulières d'aujourd'hui ne sont rien d'autre, souvent, qu'un appartement citadin sans qualité spatiale, «habillé»à la campagnarde. D'une manière plus explicite, on prend tous les symboles dits «campagnards» (crépi rustique, boiserie apparente, charpente vraie ou fausse, tuiles «naturelles», etc.) et on les plaque sur nos quatre, cinq, six ou sept pièces citadins. Finalement, le modèle, réduit, déformé dans les proportions, dans l'affectation et l'exploitation, dénaturé enfin, est ramené à une caricature qui tient beaucoup de la maison de conte de fées. En clair, on pourrait appeler cette transformation, le nanisme. Le règlement ne fait que banaliser et entretenir cette caricature, en n'autorisant presque que des images se référant à une vision pittoresque du passé. Esthétiquement: Dès qu'on dit zone-villas, on admet une horreur! Face aux problèmes que pose la zone-villas, on pense naturellement à l'habitat groupé, comme étant une réponse possible. Malheureusement, on n'évite pas pour autant le problème.du modèle.

Avertissement Par courtoisie vis-à-vis des gens qui, lors des entretiens, nous ont répondu en toute sincérité, nous nous abstiendrons, en général, de mentionner les auteurs des citations retenues et les dates trop précises. Les noms de lieux ont été remplacés par des appellations différentes. Hinweis Aus Rücksicht denjenigen gegenüber, die uns in aller Offenheit Auskunft gegeben haben, unterlassen wir es grundsätzlich, bei Zitaten die Autoren oder andere Einzelheiten zu nennen. Die Ortsnamen wurden durch andere Bezeichnungen ersetzt.

1. D'abord que l'absence de débat, et qui dit débat dit souvent polémique, n'a jamais été facteur de progrès (voir Kandinsky: «Du spirituel dans l'art»), A cet égard, le règlement, en fixant une esthétique qui plaît au plus grand nombre, tend à éviter toute discussion et ainsi à immobiliser toute évolution.

2. Ensuite, que nous ne pouvons ici traiter que de pathologie car pour expliquer ou disséquer un phénomène, il faut que celui-ci soit définitivement mort. Le phénomène du règlement, tel qu'on le définit actuellement est, lui, loin d'être mort; il est jeune et en constante transformation. Nous ne pouvons donc que crier au danger. Danger non seulement pour l'architecture, mais surtout pour le territoire et l'ensemble de ses utilisateurs qui sont les plus gravement menacés, et cela de l'avis de tous les spécialistes concernés, qu'ils soient architectes, historiens, membres de la commission de protection des monuments historiques, voire de certains responsables communaux. Récemment, la presse du coin ne rapportait-elle pas les mots d'une personne compétente: Triste époque sans envergure dont les générations futures ne sauront pas quoi conserver.