Toujours soucieux d'améliorer l'information présentée à nos abonnés, nous sommes particulièrement heureux de vous informer que la FSAI, Fédération suisse des architectes indépendants, nous accorde, dès ce numéro, son appui. Il s'agit d'ailleurs plus d'une confirmation que d'un fait nouveau; en effet, nous avons toujours entretenu d'excellents rapports soit avec la Fédération, soit avec la rédaction d'Archithese. Nous espérons néanmoins que cette nouvelle collaboration renforcera encore la valeur de notre publication, et ceci dans l'intérêt majeur de nos lecteurs.
La Fédération suisse des architectes indépendants est heureuse d'offrir sa collaboration à Anthony Krafft, pour la publication d'Architecture Suisse. Pour la FSAI, la revue AS consacrée à l'actualité architecturale en Suisse, est un excellent complément à la revue thématique «Archithese» quelle édite. Pour la FSAI : Ch. Feigel, architecte
La construction du nouveau musée bernois de l'art émane de l'idée qu'un musée doit être un lieu où l'on peut exposer des tableaux dans les meilleures conditions pour leur perception visuelle et un lieu où l'architecture doit largement s'effacer devant les œuvres présentées. Cette conception n’était nullement imposée au départ et elle ne s'est réellement concrétisée qu'au cours de la planification et de la réalisation du projet. Nous étions toutefois conscients qu'une telle attitude ne pouvait avoir de chance d'être compromise qu'en se limitant à l'essentiel dans une interprétation sans équivoque. Nous avons donc tout mis en œuvre pour parvenir à mettre en pratique ces principes d'une manière aussi conséquente que possible et nous n'avons pas reculé devant l'emploi de slogans pour faire clairement comprendre de quoi il s'agissait. Nous avons parlé du musée en le qualifiant de «machine de perception» ou de «container». La question ne s'est même pas posée de savoir si un tel bâtiment satisfaisait véritablement aux exigences d'un musée. Nous considérions le musée de l'art comme le prototype d'un style qui, en tant que tel, trouvait en tout cas à nos yeux sa propre justification sans restriction aucune. L'œuvre achevée, nous nous intéressons désormais à la vérification de nos hypothèses et nous observons si toutes les parties sont proportionnées à leur objet. L'avenir seul nous prouvera si nos considérations peuvent trouver un écho favorable. A vrai dire, tout semblerait de prime abord contredire le côté expérimental du projet, raison pour laquelle nous ne voudrions pas que le présent exposé soit considéré comme un guide pour la construction des musées en général, mais qu'il contribue simplement à une meilleure compréhension de ce qui a été construit ici. Il nous importe en outre également que cet exposé serve à donner des éclaircissements sur notre attitude dans le cadre de notre profession.
Les salles d'exposition du nouveau musée de Berne ne sont pas éclairées par une lumière diffuse émanant du plafond comme c’était le cas dans le musée du XIXe siècle, mais la lumière du jour est dirigée directement sur les parois supportant les tableaux. De l'intérieur plus sombre des salles, on regarde ainsi les tableaux bien éclairés. Ce n'est plus le visiteur qui se trouve au centre de la surface éclairée, mais bien l'œuvre exposée, ce qui paraît en fait évident. L'angle d'incidence aigu de la lumière évite toute/éflexion sur la surface des tableaux, augmentant considérablement la perceptibilité des détails. A cela s'ajoute la couleur des murs, qui est grise et non blanche, car on sait qu'un environnement plus
sombre facilite la perception nuancée des tableaux. Un mur blanc provoque en quelque sorte un effet de contre-jour; de ce point de vue, il est peu approprié comme arrière-plan et surface de présentation pour les tableaux. Il est également très important que les éléments permettant de canaliser la lumière dans les salles d'exposition soient réalisés en aluminium, un matériau qui, s'il est bien façonné, présente malgré son degré élevé de réflexion une densité lumineuse propre faiblement supérieure seulement à celle des parois supportant les œuvres. Ce point constitue à nouveau une différence très notable par rapport aux salles d'exposition éclairées par une lumière diffuse émanant du plafond, qui est toujours le point le plus lumineux de toute la pièce. Les sols de tout le bâtiment sont de couleur sombre (basalte lubrifié) pour éviter qu’ils se reflètent sur les tableaux, en partie sous-verre. Toutes ces mesures ont été prises dans le but de permettre une perception optimale des tableaux. La collaboration
Il est clair qu'un tel concept ne pouvait s'élaborer qu'en collaboration avec un spécialiste à même d'objectiver les processus de la perception optique (dans la mesure où il s'agit de domaines que l'on peut appréhender et mesurer), de proposer des mesures concrètes et de concevoir les éléments (protection contre le soleil, canalisation de la lumière, etc.) nécessaires pour répondre aux exigences posées dans la théorie. Il convient, en effet, de relever qu'il ne pouvait s'agir, dans la construction du musée bernois, d'applications inhabituelles ou anormales d'éléments existants et connus, mais bien de nouveautés à créer. Tel qu'il se présente aujourd'hui, le nouveau musée bernois de l'art est un ouvrage d'architecture et d’art ingénieur (de la lumière). C'est aussi le résultat d'une collaboration avec l'artiste RémyZaugg, auquel nous avions fait appel pour définir la couleur grise des salles d'exposition. Il s'est établi un dialogue entre lui et nous qui nous a fait prendre conscience alors seulement à quel point l'architecture d'un musée devait être simple si elle ne voulait pas être autre chose qu'une toile de fond aussi sobre et naturelle que possible pour les œuvres exposées. L'apparence de la construction ne devait pas passer à l'avant-plan, comme nous en avions l'habitude. Sous l'influence de Zaugg, la retenue envers les œuvres exposées devint notre premier et principal impératif. (Les principes et l'évolution du projet ont été décrits exactement dans le livre de RémyZaugg, intitulé très justement«Für das Kunstwerk» (Pour l'œuvre d'art), paru aux Editions Ammann à Zurich). Une collaboration de ce genre n’est pas le fruit du hasard naturellement et elle ne s'établit pas d'elle-même non plus. Elle n'a pas pour but , d'améliorer ou d'enrichir des idées personnelles par le biais de spécialistes, mais elle est bien davantage l'expression d'une recherche d'éléments et d'influences qui doivent conduire l'architecture du hasard vers l'essentiel, parce qu'il est fondé. A. du Fresne Architecte FAS Atelier 5