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Règlements et image architecturale

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«Plus de problèmes avec tous ces architectes, désormais, ils doivent suivre le règlement point par point »

Règlements et image architecturale Thierry Baechtold, Juan Menendez. Franco Teodori Avant-propos En Europe, l'espace créatif des architectes diminue de plus en plus. Règlements de police des constructions et normes de construction «quadrillent» l'imagination pour réduire ses effets à quelques soubresauts. Ce phénomène est dangereux: ainsi décomposé en articles de lois ou de prescriptions professionnelles comme une tentative de mécanisation de la pensée, le métier d'architecte est de plus perçu de l'extérieur comme une routine. L'architecture ainsi présentée serait donc un appareil inutile, voire coûteux. La leçon des Maîtres de notre époque diffère pourtant: leur voie a montré combien leur message s'inscrivait comme une critique sévère de toute absence de pensée, de toute répétition conventionnelle, de tout manque de démarche originale à propos du bâtiment. De plus en plus le règlement détaillé, limitatif dans les formes et les matériaux, définit surtout ce qu'il ne faut pas faire. Car s'il dictait ce qu 'il fallait faire n 'apparaîtrait-H pas trop brutalement pour ce qu'il est vraiment: une atteinte incontournable à la liberté d'expression artistique. Thierry Baechtold, Juan Menendez et Franco Teodori, étudiants en architecture, avec beaucoup de courage et de lucidité, ont osé poser le problème du décalage entre le haut niveau créatif exigé par leurs enseignants et la misère conceptuelle obligatoire de plus en plus répandue qui les attend dans la pratique professionnelle. Souhaitons que leur cri d'alarme - avec d’autres - soit entendu, afin qu'un peu de discernement intervienne à ce sujet dans le droit et que la liberté de profit ne soit plus confondue avec la liberté d'expression. Si la première doit être codifiée car elle est objective, que l'on laisse à l'autre son rôle prospectif de ferment du progrès et que Ton s'attache plutôt à former des individus aptes à s'en servir au Heu de réduire la qualité de conception sous le prétexte de la mettre à la portée de n'importe qui. Dans ce phénomène, le premier lésé est l'utilisateur: à peine veut-il réaliser une construction issue d'une meilleure réflexion architecturale, qu 7/ devient la victime de la censure de ses propres lois. La rédaction de AS

Avertissement Par courtoisie vis-à-vis des gens qui, lors des entretiens, nous ont répondu en toute sincérité, nous nous abstiendrons, en général, de mentionner les auteurs des citations retenues et les dates trop précises. Les noms de lieux ont été remplacés par des appellations différentes.

De l'école d'architecture au stage pratique dans le terroir Bercés, pendant trois ans de théories combinant cohérence, adaptation au site, langage, avec Le Corbusier, Frank Lloyd Wright ou autre Alvar Aalto, le choc du stage est rude. Pour la première fois, l'étudiant-stagiaire se trouve face à sa feuille blanche, avec, pour conseiller, le règlement de police des constructions. Les doutes s'installent. Le passage de l'école à la réalité a été le moteur de ce travail. Le but cherché ici n'est pas une critique manichéenne des règlements, mais surtout l'expression de ces doutes et de notre désarroi. Plutôt que d'analyser un mécanisme pratique ou administratif particulier, tels qu'une mise à l'enquête ou l'élaboration d'un plan de quartier, nous avons préféré tenter une analyse globale, contextuelle, pour essayer de mieux cerner une situation architecturale dans laquelle nous serons plongés dès la fin de nos études. Cette démarche nous a obligés à entrer dans une réalité, dans une règle finalement très éloignée des exceptions qui sont présentées et disséquées à l’école. Nous voulions aussi comprendre comment nous sommes arrivés à la situation actuelle en partant des principes sincères et louables, sinon nécessaires, de l'aménagement du territoire. Où se cache le coupable, si coupable il y a ? Deux autres questions ont également motivé ce travail: - Le mode culturel architectural du terroir engendre-t-il les règlements ou découle-t-il de ceux-ci ? En somme où est l'œuf, où est la poule ? - Quelle architecture pour quelle époque ? Avant tout, notre étude porte principalement sur les règlements touchant à l'esthétique, l'harmonie, l'intégration. Elle est donc, en cela, partielle. Nous traitons le sujet, non de manière chronologique ou historique, mais par visions ponctuelles (époques des règlements) pour comprendre et aboutir à la situation actuelle. Tous les avis et jugements qui sont portés plus loin, ne reflètent que l'opinion de leurs auteurs, quoique appuyés parfois par certains responsables administratifs. Nous admettons, comme principe, la subjectivité de notre travail face à la soi-disant objectivité de certains règlements. Nous ferons une différence, d'une part entre l'objectivité plus ou moins explicable, historiquement, de certains articles, découlant de la nécessité d'organiser le territoire national, du mouvement hygiéniste et de salubrité publique de la fin du XIXe siècle, des mesures de sécurité et, d'autre part, entre la subjectivité explicite d'autres articles se référant, eux, à des données telles que l'esthétique ou le concept d'harmonisation à l'environnement construit. Cependant, il est évident que la limite reste difficile à cerner et pourrait être discutée. L'exemple de l'ordre contigu (ou non), peut l'illustrer. - Pour des raisons objectives, issues en partie de l'hygiénisme (droit de jour, droit de vue, aération) et de la sécurité contre l'incendie, l'ordre non contigu est souhaitable. - Cependant, historiquement, le hameau, et plus tard le village, sont nés de la juxtaposition de manière souvent contiguë de divers bâtiments qui finissent par former un ensemble avec ses rues et ses places. Aujourd'hui, le non contigu crée des problèmes spatiaux et de compréhension des espaces, inévitablement. D'autre part, la technologie actuelle apporte une réponse efficace aux problèmes de l'hygiène et du feu. C'est pour ces deux raisons, en particulier, que nous nous permettrons, par la suite, d’exposer nos doutes concernant cette non-contiguïté, malgré l'objectivité que nous reconnaissons, au premier abord, à ce type d'article. Parler de cette technologie actuelle nous pousse à poser une autre question fondamentale: - L'adéquation technique-époque est-elle souhaitable ? Et si oui, est-elle réalisée ?

Une méthode Le discours s'établit autour des règlements eux-mêmes et non autour des communes. Le choix a été déterminé pour trois d'entre elles (Le Puits, Etrazet Glarier) par nos stages respectifs, pendant lesquels nous avons été en contact pour des projets, et pour la quatrième. Les Sablons, sur le conseil d'un spécialiste en aménagement du territoire. Elles offrent, d'autre part, au moins deux avantages : elles se situent toutes dans un certain terroir et, surtout, elles englobent un 77.II

panorama représentatif de celui-ci, autant au niveau géographique que socio-économique, orographique ou urbanistique. Communes choisies ÉTRAZ: banlieue d'une agglomération de quelque 40 000 habitants, touchant aux vignobles, territoire très allongé le long d'une vallée, deux règlements (1970,1985). LES SABLONS: lieu de résidence de nombreux habitants aisés d'une très grande ville toute proche, terrain plat, zone villa importante et absence de toute zone industrielle, deux règlements (1960,1975). LE PUITS: commune limitrophe d'Etraz mais plus résidentielle, zone villa importante, terrain escarpé et étendu, quatre règlements (1960,1970,1975,1980). GLAR 1ER: ville moyenne au bord d'un lac, centre historique vieux et bien conservé, très représentative de la région, cinq règlements (1910,1935,1960,1970, future version). Cette diversité permet de mettre en valeur les différentes attitudes qui ont pu transparaître dans les règlements touchant à l'intégration à l'environnement construit et non construit. Trois approches Ces quatre communes sont soumises à trois approches différentes: - Une analyse des textes des règlements actuels et précédents, fournis par les conseils municipaux des quatre communes. - Un travail «in situ» avec des entrevues de municipaux ou responsables, des questions au hasard de nos visites des territoires communaux. Pour cette partie, d'autres communes du terroir ont également fait l’objet d'une visite de notre part. - Des entrevues avec des personnes extérieures concernées de près ou de loin par le sujet, comme des architectes, des responsables de l'aménagement du terroir ou une historienne. Certes, chaque partie de ce travail aurait pu servir de prétexte à un mémoire en soi, mais nous avons préféré une approche plus générale et globale du sujet, essentiellement dans le but d'acquérir une première vision «panoramique». Analyse des règlements Des règlements objectifs Une analyse textuelle des règlements, quand on parle de l'image, est finalement assez ardue. Il est évident que tout article de règlement a une influence sur le territoire et, partant de là, sur la perception que l'homme en a. Cependant, comme énoncé dans les remarques liminaires, nous avons tenté une division de ces articles selon leur objectivité ou leur subjectivité apparente à nos yeux, ce qui nous amène à former trois groupes génériques: 1. Les articles que nous considérons, et dans la formulation, et dans l'application, comme étant objectifs. Commune Etraz, règlement actuel : Art. (...) La zone agricole est réservée aux activités en relations avec la culture du sol et l'élevage. 2. Les articles que nous considérons sujectifs dans leur formulation mais cependant objectifs dans leur application. Ce qui signifie qu'une fois l'article admis, il n'y a plus d'autre réflexion pour l'appliquer. Commune Etraz, règlement actuel : Art. (...) La pente des toits doit être comprise entre 30% et 100%. Dans la zone du village, elle est de 60% ou plus. En dehors des zones industrielles et artisanales, seules les toitures à deux ou à plusieurs pans ne sont pas proscrites. Pour les toits à deux pans, la surface du plus petit ne sera pas inférieure à la moitié de l'autre. 3. Enfin, les articles que nous considérons comme étant purement subjectifs, tant dans leur formulation que dans l'application. Commune d'Etraz, règlement actuel : Art. (...) Par leur forme, leur volume, l'architecture de leurs façades (rythme, forme des baies et couleurs), leur toit, les bâtiments s'intégrent obligatoirement à l'ensemble de façon à former un tout homogène. Cette division n'est évidemment pas absolue, certains articles comme l'art. (...) du règlement actuel de la commune d'Etraz entrent à la fois dans deux domaines de définition; subjectif-objectif et subjectif-subjectif, ceci dépend des divers alinéas. Art. (...) Les toits seront recouverts soit de tuiles en terre cuite, en fibrociment, ou en béton, couleur tuile naturelle. Dans la zone village, les tuiles plates de l'endroit sont obligatoires. Un matériau ou une couleur gui nuirait à l'aspect des lieux pourrait être refusé par le conseil municipal.

La relative véracité - ou pourquoi pas l'objectivité - de cette partition peut évidemment être remise en cause par le simple rejet de toute une partie de la population, du toit plat, comme étant objectivement laid et inopportun, alors que nous considérons qu'un toit autre qu’à deux pans courant, par exemple un toit plat-terrasse dans un village peut être possible, voire intéressant. A ce sujet, rappelons que toutes les études faites à l'école d'architecture nous poussent dans une voie de réflexion et d'analyse et, qu'à la base, le toit plat n'est pas objectivement rejeté des travaux d'atelier. D'ailleurs, remarquons que les toits plats sont possibles dans les règlements de Glarier en 1935, en 1960 et enfin dans le règlement actuel. Le but de cette différenciation, ainsi qu'une étude du vocabulaire du règlement que l'on retrouvera plus loin, doivent nous permettre de cerner un peu plus notre malaise et ainsi d'orienter nos réflexions. Les résumés qui suivent sont l'expression arithmétique de notre analyse.

Quelques chiffres Commune des Sablons Notre étude a porté sur deux règlements. Nous avons eu un entretien avec un conseiller municipal. - Règlement de 1960 3 zones, quelque 35 articles, 7 articles nous intéressent plus particulièrement: 4 sont du type subjectif-objectif. 3 articles sont du type subjectif-subjectif. - Règlement de 1980 (règlement actuel) 7 zones, quelque 70 articles, 23 articles nous intéressent plus particulièrement: 14 articles sont du type subjectif-objectif. 9 articles sont du type subjectif-subjectif. Evolution de ces articles entre I960 et 1980 Le nombre total d'articles augmente de 102%, le nombre d'articles touchant à l'esthétique augmente, lui, de 228,5%. Les articles touchant à l'esthétique représentaient 19,4% du nombre total d'articles en 1960. Ils représentent en 1980 (règlement actuellement en vigueur) 31,5% du total. Commune d’Etraz Notre étude a porté sur deux règlements. Nous avons eu un entretien avec le secrétaire communal. - Règlement de 1970 6 zones, environ 70 articles dont 14 nous intéressent plus particulièrement: 4 d'entre eux sont du type subjectif-objectif et les 10 autres sont du type subjectif-subjectif.

- Règlement de 1985 (règlement actuel) 12 zones, environ 100 articles dont 20 nous intéressent plus particulièrement: 7 sont du type subjectif-objectif et 13 sont du type subjectif-subjectif. Augmentation des articles de 1968 à 1985 Le nombre total d’articles augmente de 41,4%, le nombre d'articles touchant à l'esthétique augmente, lui, de 42,8%. Les articles touchant à l'esthétique représentaient 20% du nombre total d'articles en 1968, ils représentent en 1985 (règlement actuellement en vigueur) 20,2% du total.

Commune de Glarier Notre étude a porté sur cinq règlements. Nous avons eu un entretien avec M. Z., conseiller municipal.

- Règlement de 1910 Pas de plan de zone, plus de 130 articles, 3 articles traitant de l'esthétique d’une manière très vague : ils sont du type subjectif-objectif.

- Règlement de 1935 5 zones, environ 75 articles. 7 articles nous intéressent plus particulièrement: l’un est du type subjectif-objectif. Les autres sont du type subjectif-subjectif. - Règlement de 1960 1 zones, un peu moins de 190 articles. 15 articles nous intéressent plus particulièrement: 5 sont du type subjectif-objectif, 9 sont du type subjectif-subjectif. - Règlement des années 70 (règlement actuel) 10 zones, quelque 160 articles. 22 nous intéressent plus particulièrement: 9 sont du type subjectif-objectif et 12 sont du type subjectif-subjectif. 77.IV

Nouvelle mouture (pas encore votée) 15 zones, presque 150 articles : 26 articles nous intéressent plus particulièrement: 6 d'entre eux sont du type subjectif-objectif et 12 sont du type subjectif-subjectif. Comparaison des règlements de 1910 et de ceux des années 70 Le nombre total d’articles augmente de 19,8%; le nombre d'articles dits «esthétiques» augmente, lui, de 633%; les articles touchant à l'esthétique représentaient 2,3% du nombre total d'articles en 1909, ils représentent en 1970 (règlement actuellement en vigueur) 14,1% du total. Etant donné l'ancienneté du premier règlement de Glarier (les villes ont, les premières, édicté des règlements), nous avons établi une autre analyse entre le règlement de 1960 et la nouvelle mouture qui devrait prochainement entrer en vigueur (après vote des citoyens). Ceci pour permettre une comparaison valable avec les autres résultats. Augmentation des articles de 1960 à la future version Le nombre total d'articles diminue de 20,8%; le nombre d'articles dits «esthétiques» augmente, lui, de 73,3%; les articles touchant à l'esthétique représentaient 8,02% du nombre total d'articles en 1960, ils représenteront, dès que le règlement sera adopté, 17,58% du total. Commune du Puits Notre étude a porté sur quatre règlements. Nous avons eu un entretien avec le secrétaire communal M. K. Règlement des années 60 6 zones, environ 70 articles. 14 articles nous intéressent plus particulièrement: 7 sont du type subjectif-objectif et les 7 autres sont du type subjectif-subjectif. - Règlement de 1970 7 zones, environ 70 articles. 15 articles nous intéressent plus particulièrement: 8 sont du type subjectif-objectif. Les 7 autres sont du type subjectif-subjectif. - Règlement de 19 75 8 zones et quelque 80 articles. 15 d'entre eux nous intéressent plus particulièrement: 8 sont du type subjectif-objectif. Les 7 autres sont du type subjectif-subjectif. - Règlement des années 80 (règlement actuel) 10 zones, 90 articles. 21 articles nous intéressent plus particulièrement: 11 sont du type subjectif-objectif. Les 10 autres sont du type subjectif-subjectif. Augmentation des articles de 1960 aux années 80 Le nombre total d'articles augmente de 34,3%; le nombre d'articles touchant à l'esthétique augmente, lui, de 50%; les articles touchant à l'esthétique représentaient 20,9% du nombre total d'articles en 1962, ils représentent, en 1983 (règlement actuellement en vigueur), 23,33% du total. La constatation immédiate qui s'impose au vu des chiffres qui précèdent est l'augmentation plus rapide des articles admis, de notre part, comme étant subjectifs, donc qui ont trait à «l'aspect», à la perception esthétique du territoire, par rapport à ceux dits objectifs. Nous prétendons même, que l'écart réel entre ces types est plus important que celui signifié par les chiffres. En effet, si l'on se plonge à l'intérieur d'un article, on constate à quel point il se précise, et s'épaissit en nombre d'alinéas. Prenons la commune d'Etraz. Règlement de 1970 Art. (...) Les transformations ou bâtiments nouveaux devront s'harmoniser avec les constructions existantes, notamment dans la forme, les dimensions et les teintes. Règlement de 1985 (actuellement en vigueur) Art. (...) Par leur forme, leur volume, l'architecture de leurs façades (rythme, forme des baies et couleurs des façades), leurs toits, les bâtiments doivent s'intégrer à l'ensemble de façon à former un tout homogène. Cet exemple reste cependant l'un des moins prononcés. On peut, à cet égard, citer le cas du règlement de la commune des Sablons qui est«une perle»en la matière: Règlement de la commune des Sablons (1960) Art. (...) Dans la zone du village, le style des nouvelles constructions ou des transformations devra s'adapter, autant que possible, à celui du reste du village.

Cet article qui, en 1960, était le seul ayant trait à l'esthétique en «zone-village», a enfanté, dans le règlement actuel, 7 articles. Prudent, le conseil municipal précise encore dans un autre passage: ir... les transformations et bâtiments nouveaux s'harmoniseront aux bâtiments existants, notamment dans la forme, les dimensions et les teintes, ainsi que les détails de construction. » En fait, cette restriction du champ d’action de l'architecte, a un corollaire qui peut être encore plus important. Il permet à tous les citoyens, non pas de réfléchir sur l'architecture, mais de «comprendre» ce qui est juste et ce qui est faux. Et partant de là, ils seront de plus en plus marqués et influencés par le modèle mimétique assimilable aux règlements. Vocabulaire Une autre approche possible a été l'étude du vocabulaire spécifique aux règlements. Le choix des termes qui constituent les tableaux et les exemples qui vont suivre peuvent, à nouveau, paraître subjectifs, mais ils représentent à nos yeux une bonne illustration de l'évolution contextuelle des règlements. Nous pouvons ici étayer notre démarche par deux exemples. Le premier concerne les plantations d'arbres dans les zones industrielles: Commune de Glarier, règlement de 1960 Art. (...) Le long des routes et sur une largeur minimum d'un mètre, le conseil municipal peut demander aux propriétaires de planter des arbres, arbustes ou haies. Commune de Glarier, règlement de 1979 (art....) Commune du Puits, règlement de 1975 (art....) Sur des terrains recevant des constructions industrielles, le conseil municipal peut imposer le long des voies publiques et des limites de propriétés voisines des plantations de rideaux d'arbres, de haies et l'entretien de pelouses (...) le conseil municipal fixe dans chaque cas les essences à employer. Et enfin... Commune du Puits, règlement de 1980 Art. (...) L'arborisation des parcelles dès l'achèvement du bâtiment est obligatoire (...). Le conseil municipal fixe le nombre des plantations, leur emplacement et leurs essences. En principe, le 25% de la surface libre de constructions sera semée de gazon et plantée d'arbres. Nous pouvons immédiatement constater deux choses : - Premièrement, l'évolution nuancée du langage, le passage historique de «peut demander» à «peut imposer» et ensuite de «peut imposer» à «est obligatoire». Cela dénote bien le pouvoir de plus en plus intransigeant de la commune. L'avis de l'architecte perd ici toute valeur légale. - Deuxièmement, si à Glarier, en 1910, l'on parle d'arbres de façon générique, c'est-à-dire libre au paysagiste de composer un projet, en 1970 par contre la notion se précise en devenant «rideaux d'arbres». C’est le terme «rideau» qui nous gêne ici, car qui dit «rideau», sous-entend «cacher», ce qui pourrait signifier qu'une industrie est forcément et objectivement laide, mais un mal nécessaire... Le deuxième exemple traite du problème de l'adaptation au site: Commune de Glarier Art. (...) Sur ce plan, le nouveau bâtiment doit être dessiné de telle sorte qu'il soit facile d'en déterminer les rapports avec le domaine public et les propriétés adjacentes. Commune de Glarier, règlement de 1970 Art. (...) Sur les plans de demande à bâtir, les constructions voisines de celle projetée ou pour laquelle une modification est prévue, seront projetées en élévation de façon à rendre intelligible l'intégration du nouveau bâtiment dans le site. Dans ce cas, les nuances sont beaucoup plus subtiles, selon le dictionnaire: Rapport: Heu, relation que l'esprit constate entre plusieurs objets distincts. Syn. : filiation, accord, affinité, parenté. I ntégration : incorporation (de nouveaux éléments) à un système. Syn. : assimilation, fusion, unification. II devient clair, alors, que le but sous-jacent voulu, ici, par le règlement n'est plus un discours entre nouveau et existant, mais une notion beaucoup plus proche du mimétisme. On veut bien du neuf mais surtout que cela se voie le moins possible.

Le tableau qui suit montre la fréquence d'utilisation au long de l’histoire des règlements, de quatre termes choisis en fonction de la subjectivité de leur définition.

La discrétion n’est pas obligatoirement réglementaire : objectivement l'esthétique de l'aluminium naturel sur des formes simples de 1923, semble moins ostentatoire que l’actuel «bon ton» Tout au bord du lac, la «petite maison»de Le Corbusier (Vevey, Suisse) entourée de productions souvent ultérieures, d'une esthétique«très actuelle».

Une œuvre parfaitement intégrée et discrète, dans l'esprit de «l'architecture nouvelle» qui n'aurait aucune chance d'obtenir une demande à bâtir dans certaines contrées aujourd'hui...